Dans l'Agenda culturel "Week-end culturel libanais à Bordeaux"

2018-05-28

Le jeune Père Rami Abdel Sater qui vient de prendre en main la destinée de l'église maronite de Bordeaux a de grandes ambitions pour sa paroisse et pour ses paroissiens. Et il a raison. Car un groupe de personnes extrêmement cultivées et compétentes l'entourent et comme lui, elles veulent montrer le meilleur du Liban dans cette région où notre pays n'est pas culturellement très présent. Qu'il s'agisse de Charbel Matta, Rana Obeid, Pierre Noujaim, Nicole Sarkis, Frédéric El Hajj ou Lily Tok (j'en oublie certainement et qu'ils me pardonnent), toutes ces personnes forment un comité d'un grand dynamisme, qui a, pour la première fois, organisé une série d'activités autour du Liban. Et pour un coup d'essai ce fut un coup de maître.
En parallèle, se tenait, à l'hôtel de Sèze, en plein coeur de Bordeaux, l'exposition des œuvres d'une jeune artiste libanaise, Elissar Kanso.

Les festivités s'ouvrent par une conférence sur les différents courants de la musique savante libanaise depuis sa fondation au 19ème siècle avec Mikhail Mechaqa et Wadia Sabra, puis son évolution avec les nombreux compositeurs libanais qui en sont les porte-drapeaux. Les propos sont illustrés par une écoute musicale de 12 extraits qui montrent bien la diversité et la multiplicité de cette musique, pont entre les cultures, à l'image de l'âme libanaise.

Ensuite (et surtout!) vient un merveilleux concert entre Orient et Occident, donné par la soprano Patricial Atallah accompagnée par Michalis Boliakis au piano. Ces deux excellents interprètes ont trouvé le ton juste dans une alternance de pièces de compositeurs libanais, de musique sacrée, de mélodie française et d'airs d'opéra. Programme exigeant et éclectique qui n'allait pas de soi et tous deux se montrent aussi convaincants dans le répertoire oriental que dans l'occidental. Patricia passe avec une grande aisance d'un Ave Maria de Mascagni à une mélopée syriaque venue du fond des âges tout en ayant fait un détour par une pièce de Zaki Nassif ou une mélodie de Duparc. Michalis offre avec une grande générosité des intermèdes instrumentaux entre les bouquets de pièces vocales et outre Chopin et Liszt qu'il interprète à merveille, le public découvre avec ravissement qu'il manie parfaitement la chanson libanaise, quand il présente un medley de chansons de Feyrouz interprétées comme s'il les fréquentait depuis toujours.

Belle initiative, organisation impeccable, les Libanais de Bordeaux ont encore beaucoup à dire et à montrer. Peut-être que la réussite de ce merveilleux week end (que même les trombes d'eau tombées du ciel n’ont pas réussi à gâcher!) va les encourager à établir une véritable saison culturelle. Parce que le Liban le vaut bien!

Zeina Saleh Kayali

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