Dans l'OLJ La saison estivale de Beit Tabaris

2023-07-10

Frédéric Vaysse-Knitter
rythme la saison estivale de
Beit Tabaris
OLJ / Par A.I., le 10 juillet 2023 à 20h50
Saison estivale intense à Beit Tabaris, la résidence musicale
consacrée à la jeunesse libanaise musicienne : concerts et
masterclass se sont enchaînés à un rythme très soutenu, mêlant le
lyrique, le piano solo et la musique de chambre.
Pour commencer, la soprano Samar Salamé, accompagnée par le
pianiste Vartan Agopian. La jeune chanteuse effectuait son grand
retour au Liban après plusieurs années d’absence et confirmait son
talent accompli de récitaliste, offrant des pages variées entre airs
d’opéras et mélodies.
Très complice avec Vartan Agopian dont le jeu subtil soutient la
ligne de chant, tout en s’affirmant quand il le faut et très à son aise
dans des répertoires variés, Samar Salamé ouvre le récital
sur Humoresque de Dvorak. Suivent L’air des bijoux, extrait de
Faust de Gounod, avec ce qu’il faut de pétillant et l’air à la lune
extrait de Russalka de Dvorak, avec la juvénilité brillante qui sied au
rôle.
Vient alors un intermède pianistique, où le public déjà conquis
découvre Invention n° 4 opus 2, œuvre d’un talentueux jeune
compositeur libanais établi en France, le père Maroun Badr.
S’enchaînent ensuite Vissi d’arte le grand air extrait de Tosca de
Puccini, La complainte de la vieille salope de Gabriel Yared extrait
du film Tatie Danielle et le célébrissime Summertime de George
Gershwin. Nouvel intermède pour le pianiste Vartan Agopian, qui
joue June 2, belle et mélancolique pièce de sa composition. Samar
Salamé reprend la parole avec deux chansons des Beatles «
réorganisées » par la cantatrice Cathy Berberian, grand moment
d’humour lyrique, puis Aatini el-naya wa ghanni de Najib
Hankache, dans un arrangement du regretté Georges Herro et, pour
clôturer en beauté et en panache, un extrait de Carmen de Bizet, qui
est repris en bis à la demande expresse de l’assistance.
Le second concert est consacré à la musique de chambre avec le
Classical Music Club de l’Université américaine de Beyrouth (AUB).
Ce collectif de jeunes instrumentistes, qui partagent avec
enthousiasme l’amour de la musique, s’est donné comme mission de
promouvoir et diffuser la musique classique et s’est déjà produit 19
fois en concert.
Leur concert à Beit Tabaris est très éclectique, entre musique russe,
française, tchèque, polonaise et libanaise. Le courant passe
remarquablement bien entre les jeunes instrumentistes, et le public
est frappé par l’intensité de leurs échanges. Rita Asdikian (violon),
Wiaam Haddad (piano et composition), Angelo el-Khoury
(violoncelle), Johnny Khalil (piano), Khalil Chahine (piano),
Moustapha el-Sahili (violoncelle) et Jawad Haddad (trompette) se
relaient avec décontraction et grâce, ne faisant aucune concession à
la qualité musicale qui est excellente.
Le programme s’ouvre avec Chansons que ma mère m’a apprises de
Dvorak pour violon et piano, se poursuit avec une réduction du 1er
mouvement du Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, puis un
arrangement par Glazounov pour violoncelle et piano de l’Étude n°
7 de Chopin et, pour clôturer, un arrangement pour trompette et
piano de la célèbre mélodie de Poulenc, Les chemins de l’amour.
Mais le clou du concert est le Trio pour piano opus 11 de Wiaam
Haddad, né en 1997. Une œuvre en trois mouvements, au langage
musical qui rend hommage aux grands maîtres de la composition et
maîtrise parfaitement les différentes formes de l’écriture musicale
(Rondo-sonate pour le premier mouvement, Choral, variations et
fugues pour le deuxième mouvement et Rondo pour le troisième
mouvement). La partie de piano de l’œuvre ne laisse aucun moment
de répit à l’interprète qui se trouve en être également le
compositeur, et apporte une remarquable assise à des lignes qui se
dessinent fermement dans un intense dialogue avec les archets. Les
voix s’enlacent avec fluidité dans l’Andante, se répondent dans la
fugue avant la touche étincelante du Rondo final enlevé avec un
large souffle.

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